L’heure de la réconciliation en Côte d’Ivoire

Une accolade, des sourires… Main dans la main, le président ivoirien Alassane Ouattara et son prédécesseur Laurent Gbagbo veulent tourner la page de la crise qui a meurtri la côte d »Ivoire après la présidentielle fin 2010.
L’atmosphère de réconciliation régnait pour leur première rencontre depuis leur duel électoral il y a 11 ans. Née du refus de Laurent Gbagbo de reconnaître de sa défaite, la crise avait causé la mort de 3000 Ivoiriens.
Les deux hommes se sont entretenus en tête à tête pendant une trentaine de minutes avant de se présenter devant la presse au palais présidentiel à Abidjan :
« Nous avons décidé qu’il était important de rétablir la confiance, de trouver un moyen pour les Ivoiriens de se réconcilier, c’est le mot clef, et de se faire confiance. Les événements ont été douloureux. Il y a eu trop de morts. Nous devons mettre tout cela derrière nous et travailler pour l’avenir sur la cohésion et la réconciliation » a déclaré Alassane Ouattara.
« Nous avons parlé de la Côte d’Ivoire, de comment le pays pouvait aller de l’avant, il va falloir travailler, se parler, discuter » a ajouté Laurent Gbagbo.
Accusé de crimes contre l’humanité, Laurent Gbagbo a été définitivement acquitté en mars dernier par la cour pénale internationale de la Haye. Il avait été arrêté et extradé vers la CPI aux Pays-Bas, en 2011 ou il a passé huit ans à attendre son procès. Un juge l’a acquitté en 2019, affirmant que les procureurs n’avaient pas réussi à prouver leurs arguments. Le verdict a fait l’objet d’un appel mais a été confirmé fin mars, ouvrant la voie à Laurent Gbagbo pour quitter la Belgique, où il avait passé les deux dernières années.
Son retour était attendu :
« Aujourd’hui, c’est une date historique, une heure que beaucoup d’Ivoiriens attendaient parce que beaucoup d’Ivoiriens se reconnaissent dans ces deux personnalités là » explique Stéphane Adaye, résident d’Abidjan.
Dans un acte d’apaisement, le gouvernement ivoirien a également laissé entendre qu’il ne ferait pas appliquer la condamnation de Laurent Gbagbo à vingt ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest pendant la crise de 2010-2011.
Une perspective qui ne plaît pas à tout le monde en Côte d’Ivoire.