Les Péruviens toujours dans l’attente d’un président

« Unis pour le Pérou, contre les fraudes », c »est le message que brandissent les supporters de Keiko Fujimori. La candidate à la présidentielle de la droite populiste a des dizaines de milliers de voix de retard sur son adversaire alors que quasiment 100 % des bulletins ont été dépouillés.
La victoire semble difficilement atteignable, mais elle demande l’invalidation de près de 200 000 votes pour irrégularités. Et des recours sont possibles devant la justice électorale.
Les partisans du candidat de la gauche radicale Pedro Castillo occupent aussi les rues de Lima. L’instituteur s’est déclaré vainqueur de la présidentielle mercredi soir, et il a promis que son gouvernement serait respectueux de la démocratie.
Pour Keiko Fujimori, rater encore une fois la présidence du Pérou pourrait signifier plus qu’un échec politique, car début mars, le parquet a requis trente ans de prison contre elle dans le cadre de l’enquête sur le scandale Odebrecht, du nom du géant brésilien du BTP, qui a reconnu avoir versé des pots-de-vin à de nombreux dirigeants latino-américains.
Elle a déjà passé 16 mois en détention provisoire pour blanchiment d’argent présumé dans cette affaire dans laquelle quatre anciens présidents péruviens, dont l’un s’est suicidé, ont été impliqués.
Le bureau du procureur a obtenu fin 2019 l’aveu d’un ancien cadre d’Odebrecht, Luiz Eduardo da Rocha Soares, portant sur un dessous de table d’un million de dollars pour payer la campagne de Fuerza popular en 2011.
Au terme de 28 mois d’enquête, le procureur chargé de l’affaire, José Domingo Pérez, a inculpé 41 autres personnes pour des délits présumés de « crime organisé, blanchiment d’argent, entrave à la justice, fausse déclaration ».
En mai, pour éviter un « risque de fuite », un juge a refusé à Keiko Fujimori l’autorisation de se rendre en Equateur pour une conférence internationale sur la démocratie à laquelle elle était invitée par le prix Nobel péruvien Mario Vargas Llosa.
Le bureau du procureur a également demandé la dissolution du parti Fuerza popular qui a remporté début avril 24 sièges sur 130 au Parlement qui entrera en fonction le 28 juillet.
« L’enjeu est important : si elle perd, le procès suivra », dit à l’AFP l’analyste Augusto Alvarez, chroniqueur du quotidien La República. « Et je crains que le fujimorisme ne s’en relève pas ».