Charaf-Eddine Amara, « Monsieur tabac » à la tête de la fédération de football – Jeune Afrique

 Charaf-Eddine Amara, « Monsieur tabac » à la tête de la fédération de football – Jeune Afrique

Candidat unique à la succession de Kheireddine Zetchi à la tête de la Fédération algérienne de football, le PDG du groupe Madar est considéré par certains comme un proche du pouvoir.


L’élection du président de la Fédération algérienne de football (FAF) ne génère pas un insoutenable suspense en Algérie. Comme en 2017 avec Kheireddine Zetchi, celle du 15 avril n’a mis en scène qu’un unique candidat, Charaf-Eddine Amara, président du Chabab Riadhi Belouizdad et PDG de la Holding Madar, ex-SNTA (Société nationale des tabacs et allumettes).

Les autres postulants ont préféré abandonner en cours de route, préférant se rallier à la candidature d’Amara, 56 ans, qui a réussi à s’ériger en rassembleur.

« Candidat du pouvoir » ?

Élu avec 85 % des voix, le dirigeant avait affirmé, à la veille du scrutin, que sa candidature avait été « acceptée par la commission de l’Assemblée générale » alors qu’il n’était lui-même « pas éligible ». Les statuts de la FAF précisent en effet qu’il faut avoir exercé pendant cinq ans une activité dans le football pour pouvoir devenir président. Or Amara dirigeait depuis novembre 2018 le Chabab Riadhi Belouizdad, un poste qu’il a abandonné ce 21 avril pour se consacrer à ses nouvelles fonctions.

S’il s’est défendu d’être « le candidat du pouvoir », Amara sait par ailleurs qu’il devra composer avec cette étiquette. « On lui a suggéré d’être candidat. Il n’a pas eu cette idée seul. Il est à la tête d’une importante société publique, ses rapports avec le pouvoir sont bons. Et même s’il ne fait pas de politique, l’État préfère avoir un homme qu’il connaît dans le fauteuil de président de la fédération », estime, sous couvert d’anonymat, un dirigeant d’un club professionnel.

Amara a fait du CR Belouizdad un modèle de gestion, ce qui est rare dans le football algérien

En 2018, le CR Belouizdad (CRB), le très populaire club du quartier de Belcourt – sept fois champion d’Algérie et huit fois vainqueur de la Coupe – naviguait dans les profondeurs du classement de la Ligue 1, avec des finances exsangues. Face à l’inquiétude grandissante des supporters, Madar avait racheté le club, «  probablement parce que l’État le lui a demandé  », ajoute Mohamed Mecherara, ancien président de la Ligue de football professionnel (LFP) et ex-membre de la FAF.

« Il a remis de l’ordre au sein du club »

En moins de trois ans, le CRB s’est ainsi redressé sportivement, en remportant le championnat 2019-2020 et en se qualifiant pour les quarts de finale de l’actuelle Ligue des champions africaine. « Même s’il ne gère pas le club au quotidien, Amara a défini une politique très claire. Il a fait du CRB un modèle de gestion, ce qui est rare dans le football algérien », poursuit Mecherara, qui estime que le nouveau président de la FAF « est potentiellement ministrable ».

Un avis que partage Toufik Korichi, ancien directeur technique national et entraîneur, qui a côtoyé le nouveau président de la FAF pendant plusieurs mois. « Il a mis de l’ordre au sein du club, à tous les niveaux. L’organisation est professionnelle, les salaires sont payés à temps, et il n’y a pas de problème d’argent. C’est un homme à l’écoute, patient, qui prend son temps pour prendre des décisions. »

Le fait qu’il bénéficie d’un a priori très favorable de l’État est important pour mener à bien les grands axes de son programme

Les membres du Bureau fédéral de la FAF ne sont pas tous acquis à la cause d’Amara. « Je crois qu’il ne mesure pas totalement l’ampleur de sa tâche. Il lui faudra s’imposer, assure le dirigeant d’un club professionnel. Mais le fait qu’il bénéficie d’un a priori très favorable de l’État est important pour mener à bien les grands axes de son programme. »

Amara souhaite, entre autres, réformer les statuts de la FAF, améliorer le professionnalisme avec de nouveaux systèmes de financements, modifier les compétitions, développer la formation et les infrastructures, ou encore imposer l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR). Un programme chargé, pas toujours simple à appliquer quand on connaît la force d’inertie de certaines composantes du football algérien.



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